TÉMOIGNAGE. UN MAIRE NORMAND EN GRèVE DE LA FAIM POUR SCOLARISER SON FILS AUTISTE

Georgio Loiseau, maire de Poses dans l’Eure en Normandie, a entamé dimanche 28 mai 2023 une grève de la faim à Évreux, dénonçant le manque de structures pour les enfants autistes.

« Mon fils a 12 ans, et il est autiste. J’ai fait le tour des IME (Instituts médicaux éducatifs) de la région, il n’y a aucune place pour lui à la rentrée de septembre. Je mène une grève de la faim pour dénoncer une situation personnelle mais qui est aussi nationale, sur fond de carences de l’État. Mon rôle de maire m’aide à porter mes convictions de père. »

Ce mardi 30 mai, Georgio Loiseau, maire de Poses dans l’Eure, reprend le chemin de la cité administrative à Évreux. « Je vais m’installer sur une chaise, avec mon écharpe de maire. Je serai certainement rejoint par des camarades élus, des passants… Dimanche, pour mon premier jour, ils étaient 200 à m’attendre ! Ça m’a vraiment touché. »

Lire aussi : « Un enfant handicapé attend cinq ans une place en institut »

Rendez-vous à l’Assemblée nationale mercredi

Depuis l’annonce de cette grève de la faim, « pour mon fils mais pas seulement », le maire de Poses, 46 ans, est très sollicité. « Mercredi 31 à 11 h, je serai reçu à l’Assemblée nationale. C’est le député PS de ma circonscription, Philippe Brun, qui a pris l’initiative de cette rencontre transpartisane. Puis, Geneviève Darrieussecq m’attend. Elle est ministre déléguée chargée des personnes handicapées… Je n’avais rien calculé, vraiment. Certes, je me mets en danger alors que je suis élu. Mais beaucoup d’élus se mettent en danger dans ce pays… Je me le dois aussi en tant que père, en tant que président d’association aussi : l’Oiseau Bleu 27. »

Lire aussi : La loi handicap n’est pas bien appliquée, ils veulent « mettre les élus au pied du mur »

L’élu eurois est père d’un enfant autiste avec, dit-il, « une trajectoire pas très bonne en termes de développement… Très petit, il ne parlait pas. Globalement, il oscille entre CP et CE2, en fonction des matières. Mais la structure que j’ai créée en 2018 lui permet de maximiser toutes ses capacités. »

Cette école, l’État l’a reprise en 2019. Aujourd’hui, c’est une UEEA (Unité d’enseignement élémentaire autisme), la seule dans le département de l’Eure. « On a commencé à quatre enfants sous pavillon associatif, on est monté à sept avec l’État. Il y aura bientôt dix élèves puisque l’école déménage en 2024 à Val-de-Reuil, par souci de place. »

Des témoignages de la France entière

Inquiet pour l’avenir de son fils, Georgio Loiseau a pris les devants pour la rentrée 2023-2024, ciblant un IME à Saint-Pierre-lès-Elbeuf, ou encore aux Andelys, à Louviers, mais tous complets. « Je reçois des centaines et des centaines de témoignages de la France entière de parents qui vivent des situations analogues, ajoute l’élu. J’ai exploré l’Eure et la Seine-Maritime pour trouver une place, l’Orne est un peu mieux doté car il y a un peu moins de population. Mais à Caen, la situation est difficile aussi, en primaire comme pour la suite de la scolarité. »

En grève de la faim, l’élu boit de l’eau sucrée, histoire de garder ses compétences cognitives dit-il, tout en ajoutant qu’il aimerait bien trouver un médecin pour le suivre, car le sien n’est pas disponible. Dans ce combat, il n’est pas seul, heureusement. « Mon épouse est avec moi tout le temps, on a la chance d’être encore ensemble ! Beaucoup de couples se séparent face au handicap… Ma femme assure la logistique, c’est un combat qu’on mène tous les deux. Une de mes filles est très inquiète cependant. Car son petit frère ne peut pas aller à l’école à la rentrée prochaine. »

Georgio Loiseau avoue qu’il vit un regret, une forme de culpabilité même. « Par fatigue, je n’ai pas créé de suite cette école car ça demande beaucoup d’énergie. Je le regrette aujourd’hui. »

2023-05-30T13:05:36Z dg43tfdfdgfd