JAPON : DES COMPLéMENTS ALIMENTAIRES SUSPECTéS D’AVOIR ENTRAîNé QUATRE MORTS ET UNE CENTAINE D’HOSPITALISATIONS

Le scandale sanitaire grandit de jour en jour au Japon. Une levure de riz rouge, prise comme un complément alimentaire, censé être anticholestérol, est potentiellement liée à quatre morts et plus d’une centaine d’hospitalisations au Japon. Deux nouveaux décès ont été annoncés ce jeudi 28 mars : le premier avait été déclaré mardi. Les autorités sanitaires japonaises ont diligenté une enquête. Le groupe pharmaceutique au centre de l’affaire, Kobayashi Pharmaceutical, basé à Osaka, mène aussi des investigations internes sur le lien entre trois compléments alimentaires produits avec cette levure.

Les compléments alimentaires concernés, vendus sans ordonnance, sont élaborés à base d’un riz fermenté à la levure appelée «beni koji» ou levure de riz rouge. Elle est présentée comme un anticholestérol naturel, mais des études mettent aussi en garde depuis des années contre sa potentielle dangerosité : en fonction de sa composition chimique, elle peut endommager des organes comme le foie ou les reins. En 2019 déjà, des médecins avaient alerté sur ses dangers potentiels dans un article du British Medical Journal.

Premières alertes en janvier

Les premières alertes remontent à janvier, lorsque des clients ont commencé à signaler à l’entreprise des problèmes rénaux. Le groupe a décidé la semaine dernière de rappeler trois gammes de ses produits. La première personne morte aurait acheté l’une d‘elles pendant environ trois ans en continu, selon les déclarations de Kobayashi Pharmaceutical. Les deux personnes dont le groupe a annoncé ce jeudi les décès utilisaient aussi l’une de ses trois gammes de produits incriminés. «Il est regrettable que Kobayashi Pharmaceutical n’ait pas fourni d’informations au gouvernement pendant que [l’entreprise] enquêtait pour déterminer la cause» de ces problèmes, a tonné mardi le ministre de la Santé Keizo Takemi.

Le ministre a assuré avoir demandé à la société pharmaceutique de fournir rapidement des informations supplémentaires. Le ministère «coopérera avec la ville d’Osaka pour enquêter sur la cause [de l’affaire, ndlr] et prévenir d’autres dommages sanitaires». Il a également «demandé aux autorités locales de tout le pays de collecter des informations sur les dommages sanitaires», a affirmé le ministre, en présentant ses condoléances aux victimes. Les autorités vont consulter l’entreprise et une réunion du gouvernement se tiendra cette semaine à ce sujet. En attendant, l’action de Kobayashi Pharmaceutical a chuté de près de 4 % mercredi matin.

Le groupe avait d’abord affirmé, lundi, qu’aucune conclusion n’avait été tirée quant à un éventuel lien de cause à effet entre ses produits et les hospitalisations. Avant un rétropédalage : «Après analyse, nous avons constaté qu’il était possible que les matières premières utilisées pour fabriquer le beni-koji contiennent des ingrédients que notre société n’avait pas l’intention d’inclure.» Les examens n’ont, affirme le groupe, néanmoins pas relevé la présence de citrine, substance toxique pouvant causer des troubles rénaux et susceptibles de se développer dans la levure de riz. «Nous sommes en train de vérifier les faits et les liens de causalité dans ces cas», a-t-il poursuivi.

Les produits vendus par Kobayashi Pharmaceutical ne sont pas les seuls concernés. Le groupe précise avoir fourni l’ingrédient à 50 autres entreprises au Japon et deux à Taiwan, dont des fabricants de produits alimentaires. Le nombre qui utilisent effectivement le produit pourrait être plus élevé, car elles comprennent un grossiste. Beaucoup d’entre elles ont ainsi annoncé des rappels de différents produits dérivés, comme du saké pétillant, de l’assaisonnement pour salade ou de la pâte de soja fermentée «miso».

«Les ministères et agences concernés travaillent ensemble pour garantir la sécurité alimentaire, y compris en cherchant à identifier la substance à l’origine des dommages sur la santé, et à comprendre comment elle s’est retrouvée dans le produit», a cherché à rassurer ce jeudi le porte-parole du gouvernement japonais. Lequel a aussi demandé à d’autres fabricants de compléments alimentaires de vérifier leurs produits et informe les pays étrangers sur cette affaire sanitaire. «Une fois que la cause sera identifiée, le gouvernement examinera les mesures nécessaires» à prendre pour éviter qu’une telle affaire ne se reproduise, a promis le Premier ministre Fumio Kishida devant le Parlement.

Du côté de l’Europe, la Commission a introduit en 2022 une réglementation limitant l’utilisation de la monacoline (substance intervenant dans la synthèse du cholestérol) dans les compléments alimentaires à base de levure de riz rouge en raison d’ «effets indésirables» observés chez des patients.

Mis à jour : ce jeudi 28 mars à 10h48 avec un nouveau bilan des victimes et les déclarations du gouvernement japonais.

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