TRAIN: RAILCOOP ANNONCE SA PROCHAINE LIQUIDATION

"Le schéma prévu pour sortir du redressement judiciaire est désormais caduc. En l'état, le tribunal de commerce de Cahors ne devrait avoir d'autre choix que de prononcer, le 15 avril 2024, la liquidation de notre coopérative", se désole Railcoop dans un communiqué.

"C'est avec le plus grand regret que nous vous adressons ce message après des mois passés ensemble à se battre pour éviter la fin de notre aventure collective".

Railcoop était un projet de longue haleine, coopératif, visant à relancer la ligne classique entre Bordeaux et Lyon, une liaison transversale délaissée par la SNCF en 2014.

Cette approche alternative, coopérative, a justement été sa faiblesse dans un secteur, le ferroviaire, où les freins financiers, administratifs et réglementaires sont très nombreux.

Un aller-retour quotidien avec un train classique

Basée à Figeac (Lot), la coopérative a tout de même obtenu des sillons (créneaux de circulation) de SNCF Réseau pour assurer à partir du 15 décembre 2024 un aller-retour quotidien entre les deux villes.

Mais la coopérative était constamment en quête d'argent malgré l'apport de ses 14.500 sociétaires.

En septembre dernier, elle disait avoir besoin de 49 millions d'euros pour exploiter la ligne Bordeaux-Lyon et affirmait avoir reçu fin août une lettre d'intention d'"un fonds européen (...) qui investit dans les infrastructures industrielles", pour soutenir ce projet.

"Il y a un risque qu'on n'y arrive pas", reconnaissait alors Nicolas Debaisieux son PDG, qui renouvelle son "appel à la mobilisation citoyenne (...) pour éviter la fin de la coopérative".

Au bord de la cessation de paiement, Railcoop avait lancé en juin 2023 un appel à ses 14.500 sociétaires pour lever 500.000 euros avant le 30 septembre, afin de payer les salaires et régler les fournisseurs.

La coopérative avait perdu l'an dernier 4,7 millions d'euros dans ses activités de fret, abandonnées en avril 2023.

Contentieux fatal

La chute de Railcoop a été précipitée par un contentieux avec ACC M qui devait stocker les trains de la compagnie.

"La société nous réclamait 800.000 euros de frais de garage en sus des 300.000 euros déjà payés", peut-on lire dans le communiqué "et a exercé un droit de rétention sur deux rames" qui devaient être cédées à un tiers.

L'affaire a été portée devant le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand qui a donné raison à ACC M le 21 mars. Railcoop n'a donc plus la possibilité de vendre ces deux rames (le contrat était signé affirme la coopérative) coupant "toute source de financement à court terme et nous fait porter une nouvelle dette, insoutenable".

Pour les nombreux sociétaires qui ont cru à ce projet un peu fou et sans précédent, l'argent investi est certainement perdu. "Nous reviendrons vers vous pour préparer la fin de la coopérative", indique encore Railcoop.

Encore peu de concurrents de la SNCF en France

Rappelons qu'à l'heure actuelle en France, seules deux compagnies concurrencent la SNCF: Trenitalia et la Renfe, deux opérateurs nationaux (Italie et Espagne) de taille importante qui disposent d'importants moyens.

De son côté, la compagnie Le Train qui souhaite lancer des TGV dans le Grand Ouest a pris beaucoup de retard mais présente un projet plus traditionnel mais plus solide.

Dans En Route Pour Demain sur BFM Business, Alain Gétraud, directeur général du Train, fait un point sur le lancement prochain de la compagnie.

"On a beaucoup avancé, on a levé tous les verrous, relevé tous les défis. On prépare désormais l'exercice de l'exploitation. Mais il va falloir encore attendre un peu à cause du temps industriel. L'année prochaine (2024, NDLR) sera celle de la construction des dix rames commandées à Talgo", détaille le dirigeant.

Il ne faut donc pas compter avant 2025-2026 pour un lancement commercial, soit 3 à 4 ans après la date initialement prévue.

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