Un Pink Floyd sur l'écran géant du Conseil de sécurité de l'ONU. Mercredi, l'ex-rocker Roger Waters a été invité à s'exprimer pendant la réunion du Conseil, à l'initiative de la délégation russe. Depuis plusieurs mois, le co-fondateur des Pink Floyd fait polémique avec des prises de position qui servent la rhétorique de Vladimir Poutine, au coeur de la guerre en Ukraine.
La délégation russe a invité à l'artiste à s'exprimer dans la foulée de la publication d'une interview accordée au quotidien allemand Berliner Zeitung, transcrite sur son propre site officiel. Dans l'article, Roger Waters estime que la guerre en Ukraine vise à « arrêter le génocide potentiel de la population russophone du Donbass » et à « combattre le nazisme en Ukraine », reprenant ainsi les éléments de langage du Kremlin. L'artiste se réfère également aux « voix indépendantes qu'il écoute », selon lesquelles Vladimir Poutine « gouverne avec prudence en prenant des décisions sur la base d'un consensus au sein du gouvernement de la Fédération de Russie ». Il fait même un parallèle provocateur avec les États-Unis : « […] Je me demande : Poutine est-il un plus grand gangster que Joe Biden et tous ceux qui dirigent la politique américaine depuis la Seconde Guerre mondiale ? Je n'en suis pas si sûr. »
Élogieux envers le président russe, critique envers les institutions occidentales, il a réitéré face au Conseil de sécurité de l'ONU. Ironique, il s'est réjoui du manque « d'influence » de ce Conseil : « […] Si je peux ouvrir ma grande bouche sans craindre qu’on m’arrache la tête… » Depuis hier, l'une de ses déclarations met le feu aux poudres. « L'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie était illégale. Je la condamne dans les termes les plus forts possibles, a-t-il d'abord avancé, avant d'ajouter : « En outre, il n’est pas vrai que l’invasion russe de l’Ukraine ait été non provoquée. Alors je condamne aussi les provocateurs dans les termes les plus forts. »
D'après le Guardian, l'ambassadeur russe à l'ONU a volontiers occulté la première partie de cette déclaration au profit de la seconde, qualifiant Roger Waters d' « un des militants les plus éminents du mouvement anti-guerre contemporain ». L'ambassadeur ukrainien, lui, a fustigé le discours du chanteur, avec une référence à la chanson Another Brick in the Wall : « Comme c’est triste pour ses anciens fans de le voir accepter de n’être qu’une brique de plus dans le mur de la désinformation et de la propagande russe. […] Continuez à gratter la guitare, M. Waters. Cela vous convient mieux que de sermonner le conseil de sécurité sur la façon de faire son travail. »
Depuis plusieurs mois, Roger Walter se montre critique envers l'Ukraine et les organisations occidentales qui lui viennent en aide. Dans une lettre ouverte début septembre, il accusait les « nationalistes extrêmes » ukrainiens d'avoir conduit leur pays « sur la voie de cette guerre désastreuse ». Il s'en est également pris à l'Otan et aux États-Unis, qu'il accuse de provoquer Moscou.
Plus tôt cette semaine, Polly Samson, parolière des deux derniers albums des Pink Floyd et épouse du chanteur-guitariste David Gilmour, avait réagi à ses déclarations avec véhémence, en un tweet assassin : « Malheureusement, vous êtes antisémite dans votre âme pourrie. Aussi un apologiste de Poutine et un menteur […] Assez de vos bêtises. » Le musicien avait réfuté, en bloc, ces accusations.
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