Alors que les pontes de son camp l'enjoignent très franchement à voter la réforme des retraites, ce qu'il refuse de faire en l'état, le député LR reste ferme. "Je ne cède à aucune menace", dit-il sur franceinfo.
Chez Les Républicains, les jours passent et se ressemblent. D'un côté, les pontes du parti répètent qu'ils voteront la réforme des retraites du gouvernement par souci de "cohérence" et de "responsabilité". De l'autre, une quinzaine de députés restent opposés au projet de l'exécutif, en l'état.
Pour la droite, le risque de divisions est on ne peut plus concret. Et dangereux pour une famille politique qui sort de trois défaites aux élections présidentielles de 2012, 2017 et 2022. La dernière fut la plus rude, Valérie Pécresse ne franchissant pas la barre des 5%.
Longtemps, la droite a temporisé. "On n'est pas une caserne", disait Éric Ciotti pour atténuer les désaccords sur les retraites au sein de la formation qu'il préside. Désormais, le ton a changé. Les différentes figures de la formation se sont relayées dans les médias ce mercredi pour mettre la pression sur Aurélien Pradié, figure de proue des députés récalcitrants.
Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, a décoché les premières flèches envers le Lotois, qui fut son adversaire avec Éric Ciotti pour la présidence du parti en décembre.
"Le courage en politique, c'est de tenir une ligne de constance", a-t-il recadré, alors que la droite a défendu le report de l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans lors des deux dernières présidentielles. L'élu de Vendée ne voulait pas faire dans "la langue de bois", et l'a prouvé dans la foulée, estimant tout simplement que "la droite" peut "mourir de ses contradictions".
Plus tard, Gérard Larcher, patron du Sénat, a lancé un ultimatum à Aurélien Pradié, déclarant sur France Inter: "S'il se sent vraiment de notre famille politique, et bien il doit à un moment prendre la décision de voter la loi".
Au cas où le message ne serait pas passé, Éric Ciotti en a remis une louche sur Sud Radio. "Aurélien Pradié votera la réforme", a assuré le député des Alpes-Maritimes, comme si son collègue n'avait pas d'autre choix.
En creux, la question d'un maintien ou non au sein de LR des députés qui voteraient contre la réforme des retraites et s'inscriraient éventuellement en porte-à-faux de la ligne défendue par le patron du parti. Question d'autant plus légitime pour Aurélien Pradié, qui est le co-numéro deux de la rue de Vaugirard.
En attendant, la guerre des positions continue. Ce jeudi, Aurélien Pradié rend les coups sur franceinfo. "Moi je ne cède à aucune menace", dit le trentenaire, avant de tacler:
"Qui pourrait mettre la pression sur des députés Les Républicains en leur reprochant de ne pas voter un texte macroniste?"Le parlementaire "assume le bras de fer" et répète la condition à laquelle lui et ceux qu'il représente voteront la réforme: avoir l'assurance que les personnes ayant commencé à travailler avant 21 ans ne cotisent pas davantage que 43 annuités. Un amendement sera présenté en ce sens par LR durant les débats à l'Assemblée nationale.
Élisabeth Borne a pris les devants ce week-end, en annonçant dans le JDD que les dispositifs de carrières longues concerneraient "ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans". Mais ce mouvement de Matignon n'a pas convaincu.
"Comment un travailleur qui débute à 20 ans pourrait valider 5 trimestres avant ses 21 ans comme l’impose le dispositif carrière longue?", a fustigé le député Aurélien Pradié sur Twitter. Lui réclame que tout trimestre validé avant 21 ans soit pris en compte.
Au fond, la droite pêche sur la ligne. Sur RTL, Bruno Retailleau affirmait: "Pour moi être à droite, ce n'est pas seulement être un peu moins à gauche que la gauche". Et taclé dans la foulée: "Quels besoins ont les Français d'une droite qui dirait demain 'travailler plus, c'est horrible'?".
Sur franceinfo, Aurélien Pradié, qui se veut le chantre d'une "droite populaire" répond: "Si la droite en est là, c'est parce qu'elle a perdu le peuple".
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