PROJET NORMANDY MEMORY: DES DESCENDANTS DU COMMANDO KIEFFER DéNONCENT DANS UNE TRIBUNE "UN OUTRAGE à LA MéMOIRE"

Ces enfants et petits enfants de combattants s'opposent, dans un texte publié dimanche 28 avril, au projet "Normandy Memory", dont les ambitions seraient "purement économiques".

Dominique Kieffer et Maryse Kieffer sont les filles du commandant Philippe Kieffer ; Alexandre Bibi, Marine et Mona Kieffer sont ses petits-enfants. Le gradé a donné son nom au commando qui a débarqué en Normandie le 6 juin 1944: 177 fusiliers marins, les seuls Français mobilisés pour cette opération décisive dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Alors qu'approche le 80e anniversaire du D-Day, une trentaine de descendants des soldats du commando -dont des membres de la famille de Léon Gautier- ont signé et publié une tribune dans Le Monde dimanche 28 avril pour signifier leur hostilité au projet "Normandy Memory", projet de grand spectacle immersif lié au débarquement.

Porté par des promoteurs privés, ledit projet, annoncé il y a quatre ans et anciennement connu sous le nom de "D-Day Land" ou "Hommage aux héros", est soutenu par le président de la région Normandie, par le président de la communauté urbaine de Caen-la-Mer et par le maire de Colombelles". Les instigateurs de "Normandy Memory" se sont tournés vers cette localité du Calvados après avoir essuyé une certaine opposition dans la Manche.

Le "spectaculaire" au détriment de "l'histoire"

Selon les signataires de la tribune, "Normandy Memory" est "explicitement porté par des ambitions purement économiques visant à développer encore le tourisme au moyen d’un spectacle et d’un dispositif sensationnalistes".

"Un spectacle de 45 minutes, avec figurants, un millier de spectateurs chargés, plusieurs fois par jour, sur une tribune mobile défilant devant des décors, quelque vingt-cinq scènes de moins de 2 minutes chacune…, tout annonce une machine à faire du business mémoriel pour tour-opérateurs", anticipent-ils.

Les descendants des membres du commando Kieffer estiment que ce projet privilégie le "spectaculaire" au détriment de "l'histoire et la réflexion".

Et de s'interroger: "Comment peut-on croire à l’intérêt d’un spectacle qui s’adresse de la même manière à des enfants, à des jeunes et à des adultes, qu’ils soient français ou étrangers, qu’ils n’aient aucune connaissance de cet épisode déterminant de la Seconde Guerre mondiale ou qu’ils en soient familiers?"

Une menace pour la mémoire?

Le choix de la commune de Colombelles leur pose également problème. Celle-ci est située "à quelques petits kilomètres de Ouistreham (Sword Beach) où ont débarqué les 177 hommes du commando, à un jet de pierre de Pegasus Bridge, est un véritable outrage à la mémoire et au sacrifice de nos pères et de tous les combattants qui ont permis la réussite du Débarquement en Normandie".

Entre la disparition progressive des derniers témoins du Débarquement et le développement d'un "projet commercial et ridicule", les signataires craignent que la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en pâtisse.

Ils observent par ailleurs, depuis 1944, "une certaine banalisation du sacrifice des combattants", au point de mener à la création d'expériences 'immersives plus vraies que nature', alors que "l’actualité nous rappelle cruellement que les guerres sont d’abord des tragédies".

Interrogé sur le sujet en décembre dernier, Joël Bruneau, maire (LR) de Caen et président de la communauté urbaine Caen la mer jugeait au micro BFM Normandie le projet "pertinent". "Il complète en quelque sorte l'offre en matière de tourisme de mémoire. Bien évidemment, c'est une partie de notre offre touristique et on travaille aussi sur toutes les autres", expliquait-t-il.

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