PORTS DE PêCHE à L’ARRêT : 5 MINUTES POUR COMPRENDRE LES JOURNéES « FILIèRE MORTE »

Pas de poisson à la criée. Les ports de pêche français seront nombreux à être à l’arrêt jeudi et vendredi, dans le cadre d’une mobilisation lancée par le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM). Dans d’autres villes, les pêcheurs ont déjà commencé le mouvement. Le Parisien fait le point sur les raisons de cette mobilisation. Contre quoi protestent les pêcheurs ? En cause, un ras-le-bol de la filière, une « accumulation des normes, des menaces, des contentieux » qui « remet en cause le fondement même de notre métier en nous culpabilisant », fait valoir le comité dans un communiqué. « Re’zo re », dénonce en breton auprès du Parisien Olivier Le Nézet, président du CNPMEM : « Trop c’est trop. » Des « réglementations européennes inadaptées » sont dans le viseur des contestataires, notamment l’interdiction de la pêche de fond dans les aires marines protégées d’ici 2030, et la décision du Conseil d’État imposant d’ici six mois la fermeture de certaines zones de pêche en Atlantique, afin de préserver les dauphins dont les échouages se sont multipliés dans le golfe de Gascogne. Ces deux éléments constituent les principales inquiétudes des pêcheurs français, particulièrement remontés contre Bruxelles. « Le Commissaire européen aux Affaires maritimes et à la Pêche (le Lituanien Virginijus Sinkevicius) a réussi à faire l’unanimité contre lui de tous les pays concernés. Il n’est pas l’homme de la situation », affirme Olivier Le Nézet. Quelles sont leurs revendications ? Le mot d’ordre de la mobilisation est simple : comprendre, « face à toutes ces attaques », quelle est la « réponse du gouvernement et de ses plus hautes autorités ». Une lettre ouverte a été adressée à Emmanuel Macron la semaine dernière. « Pour l’instant, nous n’avons pas de rendez-vous, mais je souhaite absolument qu’il y en ait un dans 48 heures », insiste Olivier Le Nézet, qui appelle même de ses vœux à une rencontre « dans les plus brefs délais avec Ursula von der Leyen », président de la Commission européenne. Le CNPMEM fait état d’une douzaine de revendications dans une liste « non exhaustive », au-delà des réglementations dont leur secteur fait l’objet. Parmi elles, l’obtention d’un rendez-vous avec Emmanuel Macron, le retrait « pur et simple » du plan européen de « pêche résiliente », ainsi que la préparation dès maintenant des échéances post 2026, dans le cadre du Brexit. Ils réclament également le paiement des aides gazole, dont « certaines n’ont pas été versées depuis six mois », et l’harmonisation des règles de contrôle des pêches comme de sécurité des navires en France, où un mille-feuille administratif complexe paralyse les investissements faute de visibilité. « Il y a des marins dans la détresse totale. Est-ce que c’est normal ? » s’alarme le président du Comité des pêches, qui parle de pêcheurs « à bout ». En quoi consiste une « journée filière morte » ? Pas un bateau en mer, pas un poisson vendu, pas de mareyage, pas de transformation : l’activité de toute la filière doit purement et simplement être à l’arrêt jeudi et vendredi, selon l’appel du comité. Une opération inédite, organisée collectivement : « Il s’agit d’une action unitaire, coordonnée et responsable, en appelant au calme et au respect de la volonté de tous », insiste le communiqué. Tout le littoral français est mobilisé « de Boulogne à Saint-Jean-de-Luz », souligne le Comité des pêches. Des actions sont recensées à Cherbourg, aux Sables-d’Olonne ou encore à Roscoff. Le port du Havre (Seine-Maritime) a pour sa part prévu un arrêt total de l’activité de 10 heures à 14 heures, tandis qu’une manifestation a lieu jeudi matin à Brest (Finistère). Avec toute une filière à l’arrêt, les pêcheurs entendent « montrer à la société ce qu’il va arriver demain, avec les mesures qu’on nous impose. Ce sont des villes et villages qui vont disparaître », défend Olivier Le Nézet. Un mouvement déjà démarré dans plusieurs ports Les comités locaux des pêches peuvent choisir un jour de mobilisation à leur convenance. Ainsi à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), principal port de pêche français, les blocages ont débuté dimanche soir. Et mardi, c’est la criée qui a fermé ses portes, avec ordre donné aux navires européens de ne pas venir accoster et décharger leurs poissons. La prolongation du mouvement a été votée jusqu’à vendredi, indique La Voix du Nord. Le maire socialiste de la ville, Frédéric Cuvillier, a d’ailleurs apporté son soutien au mouvement et appelé à « faire front » au niveau européen contre les réglementations. Du côté de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), les pêcheurs n’ont pas attendu non plus. Ils se sont rassemblés mercredi devant la préfecture, note Le Télégramme, avant qu’une délégation ne soit reçue. Même mouvement à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), où des pêcheurs sont venus de toute la côte atlantique, d’Arcachon à Saint-Jean-de-Luz en passant par Capbreton. « Nous sommes là ce matin parce qu’on n’a pas le choix, notre survie est en jeu », a déclaré Olivier Mercier, marin-pêcheur d’Arcachon et patron de deux bateaux.

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