"ON SAIT TRèS BIEN Où çA MèNE": ACCUSé D’ISLAMOPHOBIE, UN DIRECTEUR D’éCOLE PORTE PLAINTE

A Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), le directeur d’une école élémentaire est accusé d’islamophobie dans un tract contre le port de l’uniforme. Il a porté plainte pour diffamation et s’insurge d’être ainsi ciblé.

Un directeur d'école élémentaire ciblé par des tracts dans la commune de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). Il est accusé d'avoir milité pour le port de l'uniforme dans son école par "obsession anti-musulman" d'après ce tract distribué devant l'école par un comité de citoyens anonymes. Il a porté plainte pour diffamation.

Nicolas Bourez n'est pas venu travailler en ce début de semaine, car il est arrêté jusqu'à mardi prochain. "Que veulent-ils? Ma peau?" dit-il dans une vidéo sur X (ex-Twitter). La ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet a indiqué avoir fait un signalement au procureur et que la protection fonctionnelle a été accordée et la sécurité du directeur renforcée, en lien avec les forces de l’ordre.

"On est dans la mise en danger de quelqu’un, explique Nicolas Bourez, le directeur de cette école élémentaire. Sous prétexte qu’on ne pense pas la même chose que lui, on lui colle une étiquette d’islamophobie et on sait très bien où ça mène aujourd’hui, où ça a mené d’autres enseignants, d’autres collègues. Il faut absolument que la société, que l’institution de l’Education nationale, en tire les leçons et le questionnement."

"Je n’ai aucune obsession"

"Je ne sais pas qui se cache réellement derrière ce tract, ajoute le directeur dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story. C’est un comité de défense de l’école publique à Neuilly-sur-Marne, qui m’affiche une cible dans le dos en me traitant d’extrémiste et d’anti-musulman en raison de la mise en place de l’expérimentation de la tenue commune souhaitée par le Premier ministre et portée également par le président de la République. Moi, je n’ai fait que suivre les directives. On a concerté toute la population, toute la communauté éducative de l’école. Tous les parents d’élèves ont pu s’exprimer, voter. La décision du conseil d’école a été favorable pour cette expérimentation à partir de la rentrée prochaine, en septembre. Et ce comité, assez obscur d’ailleurs, ne veut pas se plier à la majorité. Il m’affiche et me menace."

"Je n’ai aucune obsession, assure Nicolas Bourez. On met en place un projet qui est ministériel, il n’y a pas d’alliance avec la mairie ou quelqu’un d’autre. On s’empare d’une possibilité. C’est une expérimentation, on verra ensuite si c’est probant ou pas. Je n’ai rien à répondre à ça. C’est juste un tissu de mensonge et d’absurdité. Dans l’immense majorité, je sais pertinemment que j’ai le soutien des parents d’élèves. Il y a sûrement quelques parents très opposés, quelques syndicalistes également. Et éventuellement l’opposition politique locale. J’ai déposé plainte deux fois. Il y a sûrement une investigation policière qui sera faite. On verra bien qui est derrière."

"Pas encore de réponse officiellement" sur la protection fonctionnelle

La plupart des parents rencontrés devant l'école ne se sont pas intéressés à ce tract. Mais quelques-uns jugent la décision du directeur exagérée car il n'a reçu aucune menace, ce qu'il confirme. A l'inverse, cette grand-mère d'une élève ne comprend pas pourquoi la religion s'invite dans un débat sur l'uniforme: "C’est de la politique… Ils mélangent tout".

Le comité de Neuilly-sur-Marne opposé à l'uniforme assume cette accusation "d'obsession anti-musulman". Le tract cite des propos tenus par le directeur sur la présence de signes religieux à l'école dans le magazine Causeur, alors qu'il reconnait n'avoir signalé aucune atteinte à la laïcité dans son école.

Le syndicat "Action et Démocratie CFE-CGC" a saisi le premier ministre pour lui demander de prévoir des mesures de soutien au personnel face aux "risques inhérents" liés à l'expérimentation de l'uniforme. A Neuilly-sur-Marne, les quatre élémentaires doivent toutes expérimenter l'uniforme à la rentrée de septembre car le maire s'est porté volontaire.

Nicolas Bourez, lui, attend encore une réponse concernant la protection fonctionnelle. "Ce que je sais, c’est que j’ai eu le soutien exclusif de mon syndicat Action et Démocratie CFE-CGC. La communication officielle est un peu fallacieuse parce qu’on dit qu’on m’a accompagné mais ce n’est pas vrai. J’ai été seul. C’est moi qui ai demandé la protection fonctionnelle et je n’ai pas encore de réponse officiellement. Je n’ai aucune communication avec l’académie depuis mercredi midi quand j’ai alerté toute la chaine hiérarchique."

"Je suis un peu inquiet, confie le directeur d'école. C’est pour ça que je me suis mis en arrêt maladie, au moins pour protéger l’école. Si c’est moi la cible, au moins, je protège les élèves et les enseignants qui, je l’espère, peuvent travailler sereinement à l’école."

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