« MIEUX QUE RIEN MAIS LOIN DU COMPTE » : LE FLYER CONTRE LE HARCèLEMENT DE RUE NE FAIT PAS L’UNANIMITé

Cet été, les policiers et gendarmes seront dans les gares, les transports en commun et sur la voie publique pour… distribuer des prospectus. Au-delà de leur mission de surveillance, ces agents sont chargés depuis ce mardi de distribuer 5 millions de flyers dans toute dans la France expliquant « Comment agir » si l’on est victime ou témoin de harcèlement ou d’une agression. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait dévoilé le 15 mai le visuel de ces prospectus. Parmi les conseils à destination des victimes en cas d’agression : « Faites du bruit et alertez les personnes autour de vous ; cherchez de l’aide et tentez de vous mettre à l’abri dans un lieu sûr (…). Après l’agression, déposez plainte dans une brigade de gendarmerie, un commissariat ou tout autre lieu adapté ». L’opération lancée ce mardi sous la houlette de la préfecture de police de Paris verra 1 million de flyers distribués dans la capitale et la petite couronne d’ici la fin de l’été. Malgré le développement des patrouilles dans les transports, « il demeure chez les femmes un sentiment d’insécurité », a reconnu le préfet de police de Paris Laurent Nuñez. Pour Loubna Atta, porte-parole de la préfecture de police, « ce flyer permet de rappeler les bonnes pratiques. Il vise d’ailleurs aussi bien les femmes que les hommes ». « Mieux que rien du tout » mais « très loin du compte » Pour les associations féministes, cela reste encore trop faible, et reprend notamment une opération déjà effectuée par la RATP avec la Fondation des femmes. Sandrine Bouchait, présidente de l’Union nationale des familles de féminicides, est tombée des nues à la découverte de ce projet qu’elle estime en décalage avec la réalité. « Je me suis demandé si ce n’était pas une blague. Il y a eu trois féminicides la semaine dernière. On nous dit que pour protéger les femmes, on va distribuer des flyers. J’imagine qu’elles vont en faire une grosse boule, pour les jeter sur les agresseurs. Sur un malentendu, ça pourrait les repousser ! » réagit-elle avec ironie, soulignant toutefois l’intérêt de la sensibilisation des témoins. VIDÉO. Quand les femmes tentent de se protéger du harcèlement dans le métro avec une chemise « C’est forcément mieux que rien du tout, mais on est très très très loin du compte », a dénoncé pour sa part sur France Bleu Violaine de Filippis, avocate et porte-parole de l’association Osez le féminisme. « Ces flyers vont être distribués par des agents de police qui ne sont, la plupart du temps, pas formés aux violences faites aux femmes », a-t-elle regretté.

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